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DEUX AM1TI 144 És sirène, diminue seulement le nombre et la longueur de tes visites ; cela te laissera d'ailleurs un temps qui t'est néces- saire. — Il est vrai que j'ai négligé ma tapisserie, mais dès demain, ma mère, je te promets de me remettre avec ar- deur à l'écran à écusson, quoiqu'il m'ennuie beaucoup, et de recommencer à faire de la poésie. — J'ai terminé l'écran, ma fille ; souviens-toi qu'il est rare que nous puissions faire ce qui nous amuse, et si tu veux m'en croire, ne t'occupe de poésie que pour déverser le trop plein de ton âme, charmer tes loisirs et les oreilles de ta mère : laisse-là ce rêve décevant de publicité. Tu as de la grâce, de l'esprit et du cœur dans tes compositions, pas de génie, sans doute. Mme Werner a agi de bonne foi, mais elle t'aime beau- coup et a de tes vers une trop haute opinion ; son goût lit- téraire est d'ailleurs peu développé. Je crains que les com- pliments exagérés de Mme Dermont n'aient été que des flatteries : elle vient du reste de t'en donner la preuve. — Et la dette ? — Nos efforts réunis la combleront avec le temps. Marie ne répondit rien, elle n'était pas persuadée, mais elle se remit dès le lendemain avec ardeur, le matin à sa tapisserie, le soir à ses vers, et par condescendance pour sa mère, elle abrégea un peu sa visite quotidienne à Mathilde, qui s'en plaignit hautement. Elle voyait très peu de monde, on oublie promptement à Paris. Ses amis, à elle, ne recher- chaient que le plaisir, qu'ils supposaient ne pas rencontrer à Chènelong et ceux de son mari n'avaient pour elle ni estime, ni affection. Personne n'ignorait que M. Dermont, homme bon, sé- rieux etmodeste, n'avait pas trouvé le bonheur dans son union avec la brillante Mathilde, qui se destinait à la carrière dra-