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                          DEUX AM1TI
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sirène, diminue seulement le nombre et la longueur de tes
visites ; cela te laissera d'ailleurs un temps qui t'est néces-
saire.
   — Il est vrai que j'ai négligé ma tapisserie, mais dès
demain, ma mère, je te promets de me remettre avec ar-
deur à l'écran à écusson, quoiqu'il m'ennuie beaucoup, et
de recommencer à faire de la poésie.
   — J'ai terminé l'écran, ma fille ; souviens-toi qu'il est
rare que nous puissions faire ce qui nous amuse, et si tu
veux m'en croire, ne t'occupe de poésie que pour déverser
le trop plein de ton âme, charmer tes loisirs et les oreilles
de ta mère : laisse-là ce rêve décevant de publicité. Tu as
de la grâce, de l'esprit et du cœur dans tes compositions,
pas de génie, sans doute.
   Mme Werner a agi de bonne foi, mais elle t'aime beau-
coup et a de tes vers une trop haute opinion ; son goût lit-
téraire est d'ailleurs peu développé. Je crains que les com-
pliments exagérés de Mme Dermont n'aient été que des
flatteries : elle vient du reste de t'en donner la preuve.
   — Et la dette ?
   — Nos efforts réunis la combleront avec le temps.
   Marie ne répondit rien, elle n'était pas persuadée, mais
elle se remit dès le lendemain avec ardeur, le matin à sa
tapisserie, le soir à ses vers, et par condescendance pour sa
mère, elle abrégea un peu sa visite quotidienne à Mathilde,
qui s'en plaignit hautement. Elle voyait très peu de monde,
on oublie promptement à Paris. Ses amis, à elle, ne recher-
chaient que le plaisir, qu'ils supposaient ne pas rencontrer
à Chènelong et ceux de son mari n'avaient pour elle ni
estime, ni affection.
   Personne n'ignorait que M. Dermont, homme bon, sé-
rieux etmodeste, n'avait pas trouvé le bonheur dans son union
avec la brillante Mathilde, qui se destinait à la carrière dra-