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134                      UNE DETTE
meilleures familles de son pays. Là, privé de ressources, il
écrivit divers ouvrages sur l'économie politique et les finan-
ces, mais traqué par ses créanciers et regrettant Paris, il
quitta l'Angleterre, en 1785, pour revenir auprès des amis
qui pouvaient l'arracher à sa détresse et lui faire une posi-
tion.
   Calonne, en effet, lui donna une mission pour Berlin.
Frédéric II se mourait. I) s'agissait de sonder les opinions
du prince héritier, ses sympathies pour la France, l'engager
à souscrire à un vaste emprunt dont le gouvernement fran-
çais avait le plus pressant besoin, et enfin, mais ceci était la
partie délicate de sa mission, de tenir le ministère au cou-
rant de tout ce qui se ferait dans le gouvernement prussien.
   Le vieux Frédéric fit bon accueil à l'envoyé français qui
 avait amené avec lui toute sa famille, ce qu'il appelait lui-
même sa horde et ce que nous appellerions aujourd'hui sa
smala, c'est-à-dire : Mme de Nehra, son fils adoptif et son
chien. Mais comme à Paris, comme à Londres, comme
partout, M. le comte de Mirabeau jetait l'argent par les fe-
nêtres, ses besoins étaient incessants et ses demandes de
subsides au ministère français continuelles.
   A la mort du grand Frédéric, le nouveau roi, Frédéric
Guillaume, eut bientôt la preuve que l'envoyé français pre-
nait des notes secrètes sur les finances, l'armée, l'adminis-
tration, la force et la faiblesse de la Prusse, les personnes
de la Cour et que ces notes avaient une couleur peu bien-
veillante pour les Etats prussiens. Irrité, le roi de Prusse
chassa de ses Etats l'homme qu'il avait d'abord accueilli
comme un ami et reçu dans son intimité.
   Mirabeau partit au mois de mai 1786, avec sa belle com-
pagne, son fils et son chien, mais en revenant à Paris, soit
distraction soit autre motif, il oublia complètement de
régler avec ses fournisseurs.