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 114                 CHATEAU DES ALYMES

  avait fait hommage au roi par procuration. Malgré sa bra-
  voure qui le faisait regarder comme un des plus vaillants
  hommes de guerre de son siècle,, il avait cédé devant l'orage
  et, ne pouvant lutter seul, comme les autres chevaliers, il
 s'était soumis.
     Peu après, la fortune parut changer.
     François Ier s'était retiré, mais en laissant des troupes
 dans les principales places du pays. Au départ du roi, la
 noblesse du Bugey reprit courage et résolut d'agir. Charles
 de Lucinge crut le moment venu et, le premier, il se jeta
 dans la plus périlleuse des aventures.
     Persuadé que l'audace est souvent pour un soldat la pre-
 mière des vertus, sans se demander si la Savoie était prête,
 il lança le baron de Polvillier attaquer Bourg, tandis que
 lui-même devait surprendre Lyon. Ce coup de main brillant
 faillit réussir ; il échoua. La France irritée menaça la Savoie
 des plus terribles représailles, et pour donner satisfaction
 aux esprits effrayés, le parlement français de Chambéry
 s'empressa de condamner à mort le sire de Lucinge et ses
 adhérents. On les poursuivit, mais ils avaient disparu. On
ne put que saisir leurs biens. Un détachement français gra-
vit la montagne et parut devant le château des Alynies. Le
château, privé de son maître et défenseur, ouvrit ses portes.
Les envahisseurs entrèrent sans coup férir, chassèrent la
garnison et jetèrent les fortifications au bas de la vallée. On
eût pu croire que c'en était fait de la fortune des Alymes
comme de celle de la Savoie. On vit bientôt qu'il ne faut,
en guerre surtout, jamais désespérer de l'avenir.
    François Ier mourut, et Henri II monta sur le trône de
France. Après une suite de revers, Charles III parut res-
pirer, et de son côté, quoique privé de ses domaines et
proscrit, Charles de Lucinge obtint la main de Anne de
Lyobard, issue d'une des plus antiques familles chevaleres-