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DEUX AMITIÉS $1 îl faut donc t'adresser des adieux déchirants ? Seront-ils éternels ? Te verrons-nous encore, Charmante jeune fille aux regards si touchants ? Comme un dernier beau jour, comme une douce aurore, Tu passas parmi nous ; mais ton cher souvenir, Comme à présent dans l'avenir, Vivra dans notre cœur. Et vous, riant ombrage, Jeunes oiseaux au doux ramage, Verts gazons foulés par ses pas, Poétiques abris, source pure, bois sombre Dont elle aimait la paix et l'ombre Dites, vous ne Foublîrez pas?... Ces vers où le sentiment tenait une bien plus large place que le génie poétique, furent trouvés charmants par les auditeurs. On accabla Marie de compliments qu'elle reçut avec un modeste embarras, tandis que sa mère, qui faisait partie dugroupe, ne cherchait pas à cacher l'indicible satis- faction qu'elle ressentait. Mais la diligence de Senlis à Paris arrivait enfin : on s'étreignit une dernière fois, et Mina se hissa dans la volu- mineuse machine avec ses nombreux objets ; elle resta longtemps penchée à la portière pour voir plus longtemps ses amis, déploya en dernier lieu un mouchoir blanc que le vent et le mouvement faisaient ondoyer, et disparut enfin aux regards sympathiques qui l'avaient suivie. —Venez donc avec moi, ma bonne Madame Werner, dit la mère de Marie à la tante de Mina, vous trouveriez votre maison bien vide maintenant que cette charmante enfant n'est plus là pour vous égayer. — Il est vrai, répondit Mme Werner en soupirant. Viens- tu, Werner ? fit-elle à un bon gros Suisse qui lançait mé- lancoliquement au ciel des spirales de fumée. — Non, je vais arroser mes fleurs avec Jules pour me