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528 BIBLIOGRAPHIE. jusqu'au recueil primitif, formé certainement dès l'antiquité. Toutefois, il n'y voit qu'une sorte de collection d'amateur, composée avec des copies de provenance diverse et de va- leur inégale, comme le sont encore certains recueils de chants populaires. Le manuscrit qui reproduit le plus com- plètement cette antique collection est celui qui fut retrouvé en 1771, par Matthsei, et qui contient seul un long fragment en l'honneur de Dionysos et le grand hymne à Dêmêter. Ces deux pièces ne sont pas ajoutées a la suite des autres, comme on l'a cru d'abord, mais placées en tête même du recueil, ce qui semble prouver, soit dit en passant, qu'il a été formé à une époque où les dieux des mystères avaient déjà pris le pas sur les autres dieux* Pour consulter ce texte unique, M. Hignard s'est rendu tout exprès a Leyde, où il est conservé. Il a pu ainsi enrichir son travail de plusieurs lettres inédites de Matthsei, qui racontent l'histoire de sa découverte. Dans cette correspondance, on apprend que ce n'est point au Saint-Synode de Moscou que se trouvait le précieux manuscrit: il fut en réalité sauvé des mains d'un vieux Russe, qui faisait d'une étable sa bibliothèque, et dont l'ignorance cupide ne le cédait en rien à celle des moines grecs. Ces détails augmenteront la reconnaissance des amis de l'antiquité pour le savant dont le zèle prudent et sagace nous a rendu quelques-uns des plus beaux débris de la poé- sie primitive des Hellènes. Quant au caractère même de ces chants, le nom à 'Hymnes, qui, dans la langue homérique, désigne tout ce qu'improvise l'aède, n'indique en rien qu'ils appartinssent au rituel des temples. Si M. Hignard les replace au milieu des cérémonies religieuses de la Grèce, il n'a garde de les mettre dans la bouche des prêtres, mais bien dans celle des chanteurs er- rants qui venaient faire assaut de poésie, plus soucieux du plaisir de leurs auditeurs que du respect de la liturgie et de