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66                  LA BELLE REGA1LLETTE.

fique chapeau bordé d'un galon d'or et surmonté d'une
plume blanche, entra dans la pièce voisine.


                              IV.

   Quelques jours après, le long des murs de la rue des ls-
nards, conduisant à la demeure du marchand, on voyait le
soir se profiler dans l'ombre la figure d'un élégant cavalier,
enveloppé d'un manteau couleur de murailles. C'était le
vêtement et la couleur alors adoptés par les coureurs d'a-
ventures, dans l'exercice de leurs fonctions.
   Quel était ce beau cavalier ?
   Dans le quartier, on murmurait tout bas le nom du roi.
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'en peu de temps l'innocence
et les grâces de la belle Regaillette avaient fait faire à la
passion de l'inconnu, simple cavalier ou grand prince, une de
ces gigantesques enjambées qui placent les coureurs d'aven-
tures, ordinaires ou extraordinaires, dans cette alternative du
triomphe ou du ridicule.
   La pauvre fille, qui n'aurait pas permis au plus candide
amant de l'embrasser, même en songe, avait vu arriver jus-
qu'à elle vingt messages galants, accompagnés de fleurs, de
présents magnifiques et de,madrigaux à l'avenant. C'était
une représentation exacte du calife de Bagdad. Il n'y marf-
quait rien, pas même le mystérieux il bondo cali.
   L'âme virginale de Regaillette s'était d'autant plus sérieuse-
ment alarmée, que deux fois elle avait aperçu, passant et re-
passant sous ses fenêtres, un cavalier des plus élégants. Dans
son humble condition, la belle enfant avait le sentiment du
devoir, la plus noble éducation de la femme. Sa pureté à
cette jeune fille, c'était le plus clair de sa dot. Avec sa naï-
veté charmante, elle avait mis encore quelque chance de for-
tune dans ses yeux d'azur et ses cheveux de jais. Un jour,