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526 BIBLIOGRAPHIE. les croyances populaires auront disparu à jamais comme des superstitions frivoles. C'est donc avec un bonheur inattendu que nous avons retrouvé dans le livre publié par M. Gras quelques unes de ces gracieuses légendes qui ont bercé l'enfance de nos- bons aïeux, L'auteur suppose un séjour de quelques jours dans une ferme du Forez. Là , au sein d'une famille patriarchale, oii le maître figure a côté des valets, l'enfant auprès de la vieille grand'mere qui ne se réveille qu'au souvenir d'un récit merveilleux, se trouvent réunis aussi l'abbé de la paroisse, le maître d'école et le tailleur du pays, et chacun vient tour à tour raconter sa légende et donner à son récit l'empreinte de son caractère et de la tournure de son esprit. Aussi la variété nait-elle naturellement de cette mise eu scène. La légende de saint Rambert n'a-t-elle pas toute la fraîcheur de ces pieux récits conservés dans les annales de chaque monastère ? Celle du Diable cl de saint Martin, au contraire, n'est-ce pas un vrai fabliau du moyen âge, tout plein de la malice de nos vieux Irouvères ? Quelle grâce, quelle poésie dans ce délicieux récit du Pas de la Mule, déjà raconté en si beaux vers par un poète forézien ! Ne voyons-nous pas revivre le bon roi Henri de la tradition populaire, dans la Chasse royale? Et dans le conte du Meunier d'Esserlincs, n'y a-t-il pas tout un drame où l'auteur a su mêler , d'une manière saisissante , l'esquisse d'un gracieux tableau des fêtes de Noël à la campagne? N'est-on pas im- pressionné vivement par ce chant lointain des paysans qui vient interrompre cette scène terrible, et lui donner un caractère plus solennel encore ? M. Gras nous a prouvé ainsi quelle riche mine offrent ces contes naïfs dont Perrault a su si bien faire son profit, et que l'on ne retrouve plus que loin des cités et dans la bouche de quelques vieillards. Dix légendes forment ce vo-