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120                    ORIGINES DE LUGDUNUM.

burlesque punition du buurlot n'était pas étrangère aux Satur-
nales de l'ancien Latium. Lucien, dans ses Dialogues, fait dire à
 Saturne: « Pendant mon règne d'une semaine.....je ne puis que
 chanter, boire, rire, créer des rois imaginaires, faire seoir des
 esclaves à la table de leurs maîtres , les barbouiller de suie, ou
 les jeter a l'eau la tête la première, s'ils se montrent inhabiles à
jouer leurs personnages. »
    Clôture d'une série de travaux , bouquet obligé d'une fête ,
 terme joyeux d'un banquet, le bourlot, berlot ou parbate,se prend
 toujours, en plusieurs patois, pour le dernier jour de ces travaux,
 pour ce banquet et cette fêle même (19). Virgile, dont les cglo-
 gues peignent les mœurs pastorales de la Gaule subalpine, sa pa-
 trie, introduit dans la sixième des bergers célébrant par un bour-
  lot le jour anniversaire de l'apothéose du beau Daphnis. Rien ne

   (19) Le Mière de Corvcy, Vocabulaire de quelques mots, etc., dans les
Mèm. des Ântiq. de France, au mot parbate, vi, 235. — Le comte Jaubert,
Gloss. du Cent., aux mots berlot, bériot et berlue. — A l'origine, la fêle
du Bourlot avait lieu à deux époques principales de l'année, le printemps et
l'automne. La première s'appelait Maia dans la France du Midi et de l'Est :
                        Savés quanta es la Maya bêla
                       Que per reyna l'amor eaûzis,
                                    Fabre d'Olivet, Son primavenc,
et dans la péninsule ibérique :
                Scdie cl meys do mayo coronado de flores...
                Organeando las Mayas et cantando amores
                                           JuanLorenzo deAstorga.
   Dans le reste de la France, les deux fêtes portaient le même nom : en
Poitou, bourlot; en Berry, beriot, berlot, berlue ; en Bretagne, Parbute,
comme je l'ai dit; en Bourbonnais, brlan ou bèrian (M. P. de Gembloux,
Notic. sur Bourges, pp. 145 et suiv.) ; en Picardie, perluet, mais, aujour-
 d'hui, ce dernier terme n'est plus qu'une exclamation joyeuse que pous-
sent les enfants i lorsqu'ils ont prononcé la dernière lettre de l'alphabet
 (M. l'abbé Corblet, Gloss, du pat. picard, au mot perluetle).
    La maya de l'Est et du Midi et le bourlot prinlanier des autres provinces
 se célébraient de la même manière. Les jeunes filles d'un village, d'un
 quartier, d'une paroisse, élisaient la reine de Mai, La jolie Mairiole, la
 belle Mayence, puis la promenaient de maison en maison, vêtue de blanc
 et couronnée de fleurs. Là, chacun s.'empressaît de lui offrir de la monnaie,