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232                          BENSERADE.

serade lui en vouloit du mal ; mais la vérité est que la
chute du Rondeau est la principale cause que l'on s'est
servi de son nom, et que Benserade s'en doutoit bien.
Cependant il faut si peu de chose pour faire tort aux ou-
vrages d'esprit, que ce Rondeau en aura apparemment
fait à ceux des Métamorphoses, quoique ce ne fût qu'un
coup d'essai d'une personne qui ne prétendoit pas.que
la chose allât si loin. Au reste, ce qui s'est passé à l'Aca-
démie sur le sujet de La Fontaine, témoigne bien que
Benserade n'en a gardé aucun ressentiment contre lui,
car, après la mort de M. de Colbert, La Fontaine s'étant
présenté pour le remplacer, quelqu'un vint à la traverse,
lequel avoit des amis dans la Compagnie, entr'autres un
 que je ne nommerai pas (1), qui entreprit de détruire La
 Fontaine dans l'esprit des académiciens ; il en vouloit
 surtout à ses contes, qu'il accusoit d'être pleins d'im-
 piété, et pour mieux exagérer le tort que l'Académie se
 feroit en le recevant, il se servoit souvent de ces paro-
 les : « Je le vois bien, il vous faut un Marot. » Sur quoi
 Benserade, ennuyé de cette répétition, s'écria: « Il nous (2)
 « faut donc un Marot, et à vous une marotte; » ce qui
 fit assez rire la Compagnie qui se déclara entièrement
 pour La Fontaine.       »
   Il résulte de ce passage que M. Stardin était bien connu
 de Tallemant, qu'il était un galant homme, et que le
 chagrin qu'il éprouva d'avoir offensé Benserade, dut le
 porter à rompre tout commerce avec les Muses.
   Outre le Rondeau de M. Stardin, la Faille en a donné

   (1) Le Président Rozc. Voyez Wakknaer, Hist. de La Fontaine, p. 328.
 Le nom de ce magistrat est écrit par un s dans la Biogr, Didot.
   (2) Le texte porte vous. Je crois devoir prévenir que j'ai abrégé un
 peu le récit do Tallemant, qui se trouve encore plus abrégé dans la notice
 sur Benserade, tome 22 des Annales poétiques.