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LA NAUMACHIE LYONNAISE. 109 Jusqu'au moment enfin où, ses jarrets croisés Ne pouvant soutenir ses membres épuisés, Il tombe sur les reins, à grand fracas dans Fonde. Tout le corps des jouteurs ainsi passe à la ronde, Et même les vaincus sur le mât encor sec Arrivent, ruisselants, pour venger leur échec. Leurs pieds, tout imprégnés après un bain propice/ Triomphent lentement de l'obstacle qui glisse ; Et contre le savon assurant leur salut, Les mènent par degrés toujours plus près du but. Enfin, comme il n'est pas de danger invincible, Comme on a retranché du français l'impossible, Comme notre génie, actif, entreprenant, S'il échoue une fois triomphe en revenant, Comme nos grenadiers ont sur ses grandes routes De l'Europe honteuse enlevé les redoutes, Comme nos fantassins ont pris Sébastopol, Comme c'est la vertu puisée en notre sol Qui nous- fait en. riant affronter les obstacles Et par le seul courage opérer des miracles, Un garçon se trouva, qui ne tomba dans l'eau Qu'après avoir au mât arraché le drapeau Mis pour servir de but auprès de la timbale. Tandis que le cornet, la caisse et la cymbale, De leurs éclats soudain saluaient le vainqueur, L'homme disparaissait, comme on vit le Vengeur Plonger à Trafalgar, avec toute une armée Couverte d'eau, de sang, de gloire et de fumée. C'est ainsi que les jeux vers le soir prennent fin. Le peuple se retire alors, tel qu'un essaim "Dont le maître viendrait d'enlever la demeure, Et son bourdonnement dure encorplus d'une heure. A Perrache, aux Brotteaux, à Vaise, à Sainte-Foy, Chacun, le cœur joyeux, regagne son chez-soi,