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           SAINT MAURICE ET l.X LEGION THÉBÉENNE.          208

 l'Orient lui-même, où se poursuivaient de grandes guerres,
 il conçut l'idée d'un sacrifice inconnu jusqu'alors, celui de
 parlager la pourpre impériale avec un autre lui-même.
 Maximien, le meilleur de ses généraux, le plus fidèle de ses
 lieutenants, se désignait naturellement à son choix : il l'as-
 socia a l'Empire, avec mission de courir sus immédiatement
 aux Bagaudes avec l'élite des légions campées sur les bords
 du Tigre, de l'Euphrate et de l'Gxus. Le nouvel Empereur
 se fit une armée avec ces vieilles bandes qui, depuis vingt
ans, étonnaient de leurs exploits le monde orientai, et fran-
 chit avec elles, à marches forcées, l'immense espace qui sé-
pare le Tigre du Rhône naissant.
    Voilà pourquoi Maximien et ses soldats venaient d'arriver     1
à Octodurum. Us y entraient après un trajet de douze cents
lieues, ayant franchi la mer, les fleuves et les montagnes ;
trois journées les séparaient de la Gaule, où le drame san-
glant de la répression allait commencer.
    L'histoire a stéréotypé la figure de ce terrible homme qui
avait nom Maximien Hercule ; c'était un de ces soldats par-
venus, dont la Rome impériale offre tant d'exemples. Né
dans une chaumière de Pannonie , aux champs de Sirmium,
il avait passé son enfance à paître des troupeaux; puis, con-
duit par ses instincts guerriers et nomades au milieu des
camps romains, il avait, par sa bravoure et ses remarqua-
bles qualités militaires,, conquis de grade en grade les plus
hautes dignités de l'armée. Aux soldats, il était cher par sa
stature athlétique et son audace ; aux Empereurs ses maî-
fus, par son entente de la guerre, sa rare vaillance et son
dévouement.
    La faveur dont l'avaient honoré Aurélien et Probus se re-
trouva tout entière pour lui dans le cœur de Diociétien, qui
n'hésita pas à l'associer au pouvoir suprême.
    Mais ce soldat heureux avait gardé de son humble et rude