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                           HOMÈRE.                         141

même.sujet que M, Emile Egger a insérées dans ses Mémoi-
res de littérature ancienne. M. Egger, qui depuis la mort de
M. Hase est sans conteste le plus illustre représentant
parmi nous des études helléniques, reprend et défend h
thèse de Wolf, en y apportant, il est vrai, de sages tempé-
raments. M. Havet, au contraire» cemme Ottfried Muller,
croit à l'unité originelle des poèmes et à la réalité du poète.
Ces noms prouvent suffisamment ce que nous disions tout h
l'heure, que chacun des deux partis a de bonnes raisons h
son service; et l'explication en est simple : les audaces de
Wolf élaient une réaction légitime contre les idées erronées
de l'ancienne critique; mais toutes les réactions vont trop
loin. Maintenant les bons esprits flottent entre les deux sys-
tèmes, s'arrêtant, chacun suivant sa nature et ses tendan-
ces, un peu plus près ou un peu plus loin de celui-ci ou de
celui-là.
   En ces matières, comme en bien d'autres, il est difficile
d'atteindre pour soi-même à une certitude absolue, plus
difficile encore de l'étayer pour autrui sur d'irréfutables
arguments. Toutefois, soit en rapprochant ce qu'il y a de
vrai; de scientifiquement démontré dans les faits et les rai-
sons invoqués de part et d'autre, soit surtout en lisant
beaucoup les poèmes eux-mêmes (ce que dans l'ardeur de
la lutte on a quelquefois négligé de faire), il nous a semblé
entrevoir une solution qui concilie la tradition dans ce
qu'elle a de vraisemblable avec les découvertes de la cri-
tique moderne, qui sauvegarde la personnalité d'Homère,
tout en expliquant le caractère impersonnel qu'ont pu don-
ner a ses chants des remaniements et des perfectionne-
 ments successifs. Car enfin, que l'Iliade et l'Odyssée aient
subi avec le temps des modifications, des remaniements,
c'est ce dont personne ne peut plus douter. Les anciens
citent des vers qui s'y lisaient autrefois et qu'on n'y retrouve