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104 LA NAUMACHIE LYONNAISE. Chaque batelet rentre ; et ce coup merveilleux, Pour un instant du moins, a terminé les jeux. Lorsque, dormant à l'ombre et sur la terre nue, Un serpent sent sur lui la lumière venue, Il s'agite, soudain, sous l'importun soleil Et de bonds inquiets signale son réveil. Ainsi, le peuple alors se lève, se démène Et roule les anneaux de son immense chaîne Les yeux inoccupés errent de toutes parts, Cherchant d'autres objets dignes de leurs regards. Les voix, qui se taisaient, se réveillent ensemble, Et de ce large essaim que le, plaisir rassemble Sortie bourdonnement de dix mille entretiens. Par leurs bruyants appels quelques joyeux vauriens Qui dans le peuple épais se glissent et se cachent De ce fond monotone à grand bruit se détachent ; Sur l'ensemble confus montent parfois leurs cris, Comme les baliveaux dominent les taillis. Le commerce, aux gamins donnant la répartie, Dans ce libre concert fait aussi sa partie. Avec son tablier, le marchand de coco, Apportant sa fontaine au bord même de l'eau, De sa fade tisane annonce les délices Et fait taire celui qui vend le pain d'épices ; Car son petit clocher possède un carillon, Et dans l'épaisse foule en traçant son sillon, En faisant à pas lents sa lucrative course, L'échanson préféré de la petite bourse Exalte, aux tintements d'un grelot argentin, Son onde inoffensive et fraîche du matin. Mais cependant couvrant l'éclat de sa lumière, Le soleil déjà pense à finir sa carrière