page suivante »
72 LA BELLE REGAILLETTE. Louis XIV n'avaient pas songea ces dames, c'était un moyen sûr d'appeler leur attention sur elles. Dans le danger on ne pense pas à tout. Si bien enfin qu'à Marseille , les jeunes demoiselles se ré- fugièrent, sinon dans un tonneau commeRegaillette, au moins toutes ou presque toutes dans des couvents et des monas- tères. Les femmes mariées transformèrent leurs maisons en autant de forteresses hérissées de duègnes et flanquées de maris. C'est un grave historien de Marseille qui rapporte ceci et il prend soin d'ajouter : « que cette conduite des hommes et des femmes de Marseille déplut à la cour (1-). » On peut croire encore que, dans le nombre des recluses, il y en avait que l'âge aurait dû mettre a l'abri de cette mesure extrême. Mais la précaution était devenue à la mode, et vous savez que la mode rajeunit. Maintenant, vous me demanderez si le jeune et mystérieux cavalier des promenades de la rue des Isnards était le roi Louis XIV en personne ? Les uns disent oui, les autres di- sent non. Et moi je ne saurais trop que vous dire.... Sinon, que les rois ont parfois le triste privilège d'endosser dans les contes du peuple les folies de leurs courtisans ; comme assez souvent encore, il ne manque pas de courti- sans prêts à légitimer les peccadilles de leur auguste Maître. Mais ce n'est point le fait de cette histoire. Quant à Regailletle, la cour ayant quitté Marseillle, la charmants recluse recouvra aussitôt sa liberté. (1) Voir Ruffi, Histoire de Marseille.