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442                           POÉSIE

      Il voit ces champs fameux par dix siècles de gloire :
      Ici, du roi des Huns le sceptre fut brisé;
      Là, Turenne tomba pleuré de la Victoire ;
      Là, Condé, presque enfant, fut immortalisé.



      Posant un pied léger sur les Vosges altières,
      Embrassant du regard ce magique horizon,
      Il évoque le nom de deux grandes poussières,
      Deux héros regrettés, Karl et Napoléon.



      L'ange reste immobile ; on dirait cette nue
      Qui des fils d'Israël éclairait le chemin ;
      Son regard seulement plonge dans l'étendue
      Et son front s'éclaircit, plus pur et plus serein.



      Un ange, ainsi que lui fort et puissant génie,
      Sommeillait étendu sous des pins toujours verts.
      Tout respirait des champs la suave harmonie
      Sur ce front que jamais n'ont touché les hivers.



      De grands et beaux bergers, déjeunes pastourelles
      Dansaient et folâtraient sur ces riants coteaux ;
      Tandis que des manoirs aux antiques tourelles
      Prêtaient une douce ombre à de nombreux troupeaux.



      Parfois tous ces bergers s'arrêtaient en cadence ;
      Un ménestrel alors, adoucissant sa voix,
      Chantait un chevalier à l'invincible lance,
      Et la jeune beauté, la reine des tournois,



      Quelques vieillards assis sous de calmes ombrages
      Causaient de l'avenir, de Dieu, de l'infini,
      Et, remontant le cours des siècles et des âges,
      Discouraient sur les temps où l'homme fut banni.