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POÉSIE... 44H Tout était calme oï doux dans ce tableau champêtre ; On eut dit qu'on voyait sommeiller les hameaux, Et le Rhin, partageant ce suave bien-être, Laissait dans ses flots bleus se mirer les coteaux.. Tout à coup se levant, troublé, mais l'âme altière, L'ange qui sommeillait regarde avec effroi. La flamme de* combats brille sous sa paupière, Et soudain la fureur a remplacé l'émoi. — Viens-tu t'abattre encor sur nos belles campagnes, Dit-il, aigle échappé de ton rocher fatal ? Viens-tu frapper nos fils, enlever leurs compagnes, Et verser sur'nos fronts la mesure du mal ? Tu couvres du regard nos villes alarmées, Et tu trois les soumettre à ton joug oppresseur. Tu te trompes peut-être, et nos jeunes armées Sauront mourir plutôt que subir un vainqueur. — Il s'avance à ces mots, palpitant de colère, De l'œjl et de la voix provoquant l'étranger, Et protégeant le Rhin comme l'ait une mère Quand sur ses fils chéris elle voit un danger. — Ne crains pas ma présence et calme tes alarmes, Répond l'ange guerrier en lui tendant la main ; La France loin d'ici fait triompher ses armes. N'entends-tu pas gronder ce tonnerre lointain ? C'est l'Arabe qui fuit, c'est le Croissant qui tombe, C'est le canon d'Isly qui retentit encor ; C'est l'ombre des Croyants qui frémit dans la tombe . Au choc qui vient frapper Tanger et Mogador.