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LA CORRESPONDANCE B'OZANAM. 423 savantes et éloquentes paroles, s'ouvrent de nouveau pour nous instruire. Leçon simple et touchante, bien faite pour être écoute'e avec recueillement, méditée en silence, et qui s'adresse surtout a ceux qui comprennent la nécessité de se dévouer à la cause de la vérité. Je croyais connaître M, Ozanam; j'ai été l'un de ceux qui l'ho- norait du titre d'élèves et d'amis. Je n'ajoute pas que j'avais pour lui autant d'attachement que de respect. Son désir ardent de faire du bien à la jeunesse lui donnait sur elle une immense influence. Qui de nous a pu approcher cette nature éminem- ment sympathique et aimante, sans être subjugué par son ascendant? Qui de nous , s'il a youlu , dans la carrière de l'enseignement, ne point profaner sa parole par la veine os- tentation de l'esprit ou de la science, s'il a désiré la consa- crer au triomphe de la vérité dans les âmes , n'a retrouvé sans cesse dans ses souvenirs, comme le modèle le plus ac- compli d'une telle mission, le maître vénéré que nous avions autrefois écouté avec tant d'émotion? Et" cependant c'est comme une révélation nouvelle de ce noble caractère. Cette correspondance, dont nous ne connaissions que des frag- . ments , vue dans son ensemble,fait mieux comprendre cette belle âme. L'unité de cette vie y apparaît plus forte, plus admirable que jamais. Quand je parle d'unité, il semble que je doive être démenti par les faits. La carrière si courte de M. Ozanam a été rem- plie parles occupations les plus diverses. Etudiant en droit, avocat, professeur de droit commercial, assez longtemps incertain entre le sacerdoce et la vie laïque, il n'aspira pas tout d'abord à ce professorat de la Sorbonne, sa véritable vo- cation et sa mission providentielle. Et cependant rien n'est plus un que cetle existence en apparence morcelée. On peut dire que jamais M. Ozanam n'accepta par une simple préférence personnelle telle ou telle situation ; il alla toujours