page suivante »
ASSEMBLÉE DE MALINES. 38?) Mais n'oublions pas que nous n'avons à faire ici ni de la politique ni de l'économie sociale ; une lâche plus modeste nous est dévolue, et son accomplissement ne saurait avoir quelque utilité qu'auiant que nous ne dépasserons pas de prudentes limites. Un de nos compatriotes figure parmi les orateurs de celte asserrïblée ; c'est M. Janmot, peintre aussi recommandable par l'élévation de ses idées d'esthétique que par son honora- bilité privée. M. Janmot, pour des raisons qu'il ne nous ap- partient pas de rechercher, a quitté sa patrie en secouant la poussière de sa chaussure. Dans un long article inséré dans le Salut Public, il nous parut plus que sévère à l'égard de la ville où il a reçu le jour, et dont l'atmosphère de mysticisme éleva son talent au-dessus des tendances malérialisles de la peinture moderne. Ces récriminations envers un pays où il a laissé des amis et des admirateurs durent être le produit de quelques souffrances inconnues, de quelques blessures dont Lyon est innocent et dont Lyon porte la peine, et il est amené aujourd'hui à des contradictions évidentes, à des exagérations qui ne sont pas au fond de sa pensée. La première partie du discours de M. Janmot (tome H, p. 300 etc. ), sur la décadence et même sur l'anéantissement de l'art religieux en France, est, tout en faisant la part des tendances que nous venons de signaler, d'une vérilé acca- blante, et celle vérité est exprimée dans un langage incisif dont toutes les paroles portent. Mais plus loin, page 303, M. Janmot dit en répondant à M. Weale : « Je voudrais qu'il pût me citer, hors Paris, quelque ville où il se fait de l'art chrétien. » Cette phrase esl malheureuse. M. Janmot, qui a la préten- tion fort juste d'être chrétien, d'être artiste et de 'aire de \'art chrétien, a précisément exécuté ses plus grands et plus remarquables travaux à Lyon. En aurait-il perdu le souve- 25