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. SAINT MAURICE ET LA. LÉGION THÉBÉENNE. 201 Cette avant-garde était justement la magnifique légion thébéenne qu'on avait jugée digne de servir de tête a l'ar- mée (1). A peine la cavalerie auxiliaire de la légion passa-t-elle, précédant les hastaires, que dans la foule rangée sur deux files profondes, résonna ce cri formidable : euge ! euge ! vi- vat à l'Empire !., Puis, un grand silence se fil, silence d'attention et de curiosité ; chacun dévorait des yeux le splendide défilé de ces soldats réputés invincibles. Grand spectacle en effet, que celui de ces six mille lé- gionnaires (2) conduits par le vaillant Maurice, chef ou Pri- micerius delà légion ; il apparaissait immédiatement après les premipilaires, fièrement campé sur un bouillant cheval numide, l'aigrette blanche au casque, et la chlamyde de pourpre aux plis flottants rattachée a l'épaule par le laticlave : (1) Dans la nomenclature militaire du temps, cette légion est classée sous le nom de prima maximiana Thebœorum. (2) Plusieurs des historiens et commentateurs, qui ont écrit sur le mas- sacre de la légion thébéenne, en évaluent la force à dix mille hommes. Il est possible que cette donnée soit exacle en principe, puisque les lé- gions qui, sous la république et les premières années de l'Empire, avaient compris d'abord quatre mille hommes, puis six mille, furent souvent por- tées à dix mille dans les grandes guerres impériales. Mais il est impossible que l'effectif complet do la légion thébéenne fût présent au sombre drame d'Agà une. Les mêmes historiens signalent l'absence de plusieurs déta- chements appartenanl à ce corps d'armée. Les uns s.e trouvaient en avant à Soleure et à Schotz ; les autres, restés en arrière , n'avaient pas encore franchi les Alpes et se trouvaient à Turin, Augusta Taurinorum.Cette der- nière particularité ne laisse aucun doute sur l'itinéraire alpestre que suivit l'année de Maximien. Elle dut traverser les Alpes au grand St-Bernard. Venant de Turin, sa route naturelle était d'atteindre ce passage par Ivrée et par Aoste, (Augusta Praetoria), puis de descendre à Octodurum par les bourgades helvétiques, qui portent aujourd'hui les noms de Liddes, Saint-Pierre et Orsièrcs.