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HOMÈRE L'histoire des lettres humaines ne présente rien de plus intéressant ni de plus instructif, non-seulement pour l'érudit, mais plus encore peut-être pour le penseur, que la naissance et le premier âge de la poésie grecque. Quelle merveille que cet art si parfait, riche et brillante moisson qui jaillit, pour ainsi dire, d'un sol inculte; que ce peuple presque barbare, qui produit sans initiation et sans tâtonnements, a ce qu'i semble, des œuvres achevées, éternelle admiration des siècles à venir! Et en effet, vainement nous chercherions à remonter plus haut; dès le début de cette histoire, la grande ligure d'Homère se dresse devant nous , et nous offre dans les deux poëmes qui portent son nom, les modèles de l'épo- pée héroïque , modèles qu'imitent dès lors tous les poètes épiques, mais sans espérer d'en atteindre la sublimité. A côté d'Homère, Hésiode chante les labeurs de l'humanité nais- sante et les antiques traditions sur les dieux. Bientôt d'au- tres genres poétiques, d'autres formes de versification pren- nent naissance, comme des fleurs qui se succèdent les unes aux autres chacune en leur saison. L'élégie de Callinus et de Tyrtée fait retentir ses accents belliqueux, auxquels répondent les tendres plaintes deMimnerme. Archiloque inspiré par sa colère crée dans l'iambe un rhythme puissant qu'attendent les plus hautes destinées, lorsque, dans l'âge suivant, les muses