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                  LA NAUMACH1E LYONNAISE.

En attendant" qu'à l'eau le cortège se plonge,
D'un pas majestueux sur les quais il s'allonge
Et gagne sur le fleuve un bateau pavoisé,
Théâtre couvert d'yeux, flottant, improvisé,
Qui descendait hier du charbon à Valence
Et dont on a caché les flancs noirs, par décence.
Une table est dressée en un coin du bateau
Et chacun des jouteurs boit, en l'honneur de l'eau,
Une coupe devin, comme aux vieux sacrifices,
Puis la bande, aussitôt, passe à ses exercices.
La voix de l'honneur parle et chaque marinier,
Tandis que la musique entonne un chant guerrier,
D'un geste gracieux quittant la grande barque
Se prépare à la lutte et dans son camp s'embarque.
Les deux camps opposés, ce sont deux batelets,
Dont les bords sont partout garnis de bourrelets,
Dont-le dehors est peint de couleur différente
L'un en bleu d'outremer, l'autre en rouge amaranthe;
Cette loi de vertu brille à chaque côté,
En blanc : « Fais ton devoir!... Courage et Loyauté!
Pour que de tous les quais l'amphithéâtre lise
Quelle est de ce combat l'honorable devise.


Ainsi quand delà lice, autrefois, les hérauts
Abaissaient la barrière et livraient le champ clos,
Le chevalier songeait à l'honneur de ses pères;
L'âme ouverte aux vertus galantes et guerrières,
Se remplissait alors de courage, d'espoir,
En entendant ces mots : « Faites votre devoir ! »


Mais déjà les bateaux s'éloignent de la rive.
Deux lutteurs ont levé la lance inoffensive.
Chaque esquif, manœuvré par le court aviron,
Fond, semblable au coursier qu'à piqué l'éperon,
Sur le bateau rival ; et la forêt humaine