Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 400              LA NAUMACHIE LYONNAISE.

Qui paraît sous le ciel une étoffe étendue,
Et, qui, régnant toujours, loin, à perte de vue,
Ne présente au regard embrassant l'horizon
Que l'hypocrite aspect d'une seule moisson.
La moitié de ce pré couvre un terrain perfide,
Tel, le peuple, marchant sur un plancher liquide,
Le dérobe au regard et défend à nos yeux
De distinguer, parmi l'amas des curieux,
Le. vrai sol qui demeure et l'autre sol qui coule.


Hourrah! Une clameur a traversé la foule.
L'heure est enfin sonnée et voici le moment.
L'humide armée approche. Un large mouvement
Se produit dans la foule; et, vainqueur, la sépare.
Comme un vaisseau, tout neuf, qui de l'onde s'empare,
Et chasse brusquement de tous côtés la mer,
Comme la charrue ouvre un sillon de son fer,
La*troupe des jouteurs sort de cette rencontre,
Et, fendant la cohue, à tous les yeux, se montre.


Hourrah ! Un cri puissant, comme d'un même sein
S'élève jusqu'aux cieux de cet immense essaim.
Vers la rivière, alors, s'avance le cortège,
En habits gracieux, aussi blancs que la neige,
Précédé de musique et d'un tambour major
En veste chamarrée, éblouissante d'or.
Glorieux des rubans que lui donna sa dame,
Chaque jouvenceau marche, en brandissant sa rame,
Rame de la parade et non pas du travail.
Comme de vieux béliers au milieu du bercail,
Vont deux hommes plus mûrs, ayant, blancs patriarches,
Moins de cheveux qu'ils n'ont passé de ponts et d'arches,
Et qui, d'un vote fait par tous avec' le cœur,
De porter chaque lance ont obtenu l'honneur.