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LA NAUMACHIE LYONNAISE. D'une riche couronne en fins nénuphars d'or, Elle .est charmante ainsi... mais invisible encor. Comme les goélands qui tournoient au rivage Quant le vent furieux leur promet un" naufrage, Le peuple lyonnais, dès le lever du jour, Dans l'espoir du plaisir, se réunit autour -De l'humide théâtre, où se donne la joute. Vers ce spectacle aimé chacun se met en route. L'heure avance, la foule accourt en murmurant Parles Génovéfains, la rampe Saint-Laurent, Les hauteurs de Saint-Just, les Etroits, la Fournache Par les quais de la Saône et les cours de, Perrache. Partout le fleuve humain roule ses flots épais, Recouvre de.son flux les bancs, les parapets, En poussant jusqu'aux toits des enfants intrépides. Tel, le mascaret lance aux cieux ses dards liquides. Et sur l'onde un millier d'impatients bateaux , Dès longtemps de la Saône a troublé le repos. Les pesants bateaux plats, surchargés de famille; Amènent lentement leur cargaison gentille, Les agiles canots montés par six" rameurs Arrivent précédés de joyeuses clameurs. Et qui dira l'élan de ces fines gondoles Dont le riche escadron sous mille banderoles Accourt rapidement, comme un flot de lanciers Qui traversent la plaine avec d'ardents coursiers ! La flotte, par degrés s'épaissit et s'augmente. Bientôt, à se mouvoir la rame est impuissante. Chaque barque se joint au batelet voisin. Le fleuve disparait, couvert par cet essaim, Et semble présenter comme une étrange houle. Sur la terre et sur l'eau le peuple se déroule. Avez-vous vu parfois, sous les bois de Duclair. Quelque prairie immense et semblable à la mer,