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CHINOISERIE HACUN son goût, chacun son Dieu ; Moi, si jamais je deviens riche, Je me promets une potiche Du Grand Empire du Milieu ; Non pas un de ces pots quelconques Qui n'offrent pour charmer les yeux Qu'un fond d'azur très-ennuyeux, Émaillé de deux ou trois jonques. Sur le pot dont je ferai choix Je veux tous les rayons du prisme, Je veux, ruisselants d'inouïsme, Les prodiges de l'art chinois. Et pour cette emplette chérie, S'il- le faut, j'irai mettre à sac Tous les marchands de bric-à -brac, Tous les bons Juifs de ma patrie. J'irai par delà l'Océan, Si tout cela ne peut suffire, Au chef-lieu même de l'Empire, Dans la boutique de Tsou-Han. Par une faveur peu commune, C'est le premier des fournisseurs De l'Empereur des Empereurs, Fils du Ciel, cousin de la Lune. Aussi l'illustre Majesté Que nul ne peut voir sans extase Sera peinte aux flancs de mon vase Avec toute sa parenté.