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POÉSIE. Près d'elle on verra les Altesses Au sérénissime embonpoint.... Surtout, potier, n'oubliez point Les ducs de toutes les espèces, - Dignitaires bleus, rouges, blancs, Élite brillante et courtoise Dont Sa Majesté Très-Chinoise Estime à haut prix les talents. Les mandarins à boutons jaunes Qui marchent sous un parasol, Laissant derrière eux sur le sol Tramer des mèches de deux aunes. Après cet imposant tableau — Ministres, sénateurs et braves - — On verra des sujets moins graves Crayonnés par le grand Ka-Lo.... D'abord un lettré qui harangue Des magots aux ventres bombés, Joufflus comme de gros bébés.... 11 faut les voir tirer la langue !.. Et plus d'un qui se tenait coi, Saisi d'une gaîté soudaine, Bal le tambour sur sa bedaine.... On chercherait en vain pourquoi. Malgré les clameurs importunes, Un bonze est là — pieux élu,— Qui garde un silence absolu Depuis trente milliers de lunes. Il incline sur son poitrail Son front harcelé par les mouches, Et l'on voit ses petits yeux louches Braqués sur son nombril d'émail. On dirait Siméon Stylite , Immobile sur son orteil... Mais que vois-je? . c'est le Soleil Dont l'existence périclite !... Voyez là -haut sur son chemin Un dragon rouge à langue verte !.. Sa gueule est toute grande ouverte... Peut-être il fera nuit demain.