page suivante »
INCURSIONS DES ROUTIERS. 295 Car je \ous di pour vray qu'il y en a gramment Qui d'asolution ne parolent noient (1) Ils ameraient mieulx à avoir de l'argent ; Nous les faisons prodommes mal grez euls vraiement (2). » Finalement, le Pape fut obligé de payer cent mille florins, dont les compagnies se contentèrent, et, poursuivant leur route, elles entrèrent en Espagne au mois de décembre (1365). Pour s'indemniser des cent mille florins payés aux Routiers, le pape Urbain V leva un décime sur lé clergé de France. La guerre entre la France et l'Angleterre recommença en 1369; jusqu'en 1373, les Français remportèrent de grands avantages sur les Anglais, et notre province n'eut point à souffrir de la présence de l'ennemi. En 1373, la partie du Forez située entre la Loire et l'Allier fut dévastée par une armée anglaise, forte de trente mille hommes, commandés par le duc de Lancastre (3) ; cette armée était débarquée à Calais ; les Français, qui ne pouvaient réunir que des forces bien inférieures, avaient reçu l'ordre de la harceler, mais de ne point accepter de bataille ; celte manœuvre eut un plein succès ; les Anglais se dirigèrent sur Auxerre et de là remontèrent le cours de la Loire ; ils offrirent plusieurs fois la bataille aux Français qui la refusèrent, se bornant à côtoyer à droite et à gauche l'armée anglaise, en détruisant tout ce qui s'écartait pour fourrager (4) ; quand venait la nuit, lesFrançais se renfermaient dans les villes oudansles châteaux forts, tandis que les Anglais étaient obligés de bivouaquer en plein champ ; ils eurent cependant peu à souffrir jusqu'à (1) Noient est mis pour noiant, néant, rien ; c'est-à -dire ne parlent point d'absolution. (2) Chronique de Bertrand Du Guesclin, par le trouvère Cuvelier. (3) Voyez Fioissard et Walsingham, Historia Angliœ. (4j Si n'osoient aller fourrer (fourrager) fors tous ensemble. FROISSABT.