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INCURSIONS DES ROUTIERS. 291 la bataille fut donnée, le 17 de juin 1364, à Gocherel (1), » à cause des conditions onéreuses que Seguin de Badefol vou- lait lui imposer, pour continuer à l'aider dans sa guerre contre le roi de France. L'aveu fait par Jacques de Rue lui avait été arraché par les tortures, si toutefois cet aveu n'est pas une invention de ses bourreaux qui étaient sûrs de n'être pas démentis par lui, puisqu'ils le firent décapiter et écarteler pour être ses mem- bres pendus aux quatre principales portes de Paris. La quan- tité d'empoisonnements imputés auroi deNavarre, parChar- les V et ses conseillers suffirait seule pour démontrer la faus- seté de ces imputations. Nous ne connaissons l'histoire de Charles V et du roi de Navarre que par le récit des historio- graphes de cour qui a été copié sans examen par un grand nombre d'historiens. Peut-être y aurait-il beaucoup à retran- cher des éloges donnés à Charles V et des accusations portées contre le roi de Navarre. Le religieux dé Saint-Denis, histo- riographe de Charles VI, qui porte les accusations les plus graves contre le roi de Navarre, ne peut s'empêcher cepen- dant de lui décerner quelques louanges : « C'était, dit-il, un prince doué de grandes qualités ; il était issu du glorieux sang de nos rois [2) ; il était doué d'un esprit vif el d'une grande pénétration ; il avait une éloquence facile et naturelle ; son adresse merveilleuse et celle rare affabilité, qui le distinguait entre tous les autres princes, lui concilièrent la faveur du peuple ; il sut même gagner à son parti plusieurs personnages considérables (3). » (1) Cette date ne s'accorde pas avec celle du 18 mai, donnée parquelques historiens modernes. (2) Le roi de Navarre était, par sa mère, petit-fils de Louis X, dit Hutin, roi de France. (3) Chronique de Charles VI, par le religieux de Saint-Denis, traduite par M. Bellaguet.