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                    INCURSIONS DES ROUTIERS.                  271

  quelques détails topographiques pour chercher à fixer la po-
 sition du champ de bataille.
     Matthieu Villani me paraît ne mériter aucune confiance
 pour ce qu'il dit au sujet de la bataille de Brignais ; son
'récit diffère essentiellement de celui de Froissart et semble
 très-invraisemblable ; il dit que le Petit-Meschin était à une
journée et demie de Brignais, lorsque ayant appris que les
 Français ôlaient campés près de Brignais, il revint à marches
 forcées et se trouvant plusieurs heures avant le jour devant
 le camp des Français, il les attaqua à l'improviste et les mit
 dans une déroule complète ; il est difficile de croire que des
 soldats qui venaient de faire une marche forcée d'une journée
 et demie aient été assez dispos pour livrer bataille; il faudrait
 supposer, en outre, que le comte de la Marche, en se lais-
 sant surprendre à l'improviste, ignorait les plus simples no-
 tions de l'art militaire qui exigent impérieurement qu'on
 fasse garder les approches d'un camp.
    En attribuant la défaite des Français à une surprise de nuit,
 ViHani est déjà en contradiction avec la Chonique de Montpel-
 lier qui assigne l'heure de none à la bataille de Brignais, c'est
 à dire trois heures après midi ; il fait figurer parmi les Tard-
 Venus, ou plutôt compose toute leur armée avec trois mille
 cavaliers et deux milles fantassins italiens, tandis que Frois-
 sart, la Chronique de Montpellier, la Chronique du trouvère
 Cuvelier et autres documents contemporains ne font pas
 mention de soldats de cette nation parmi les Routiers qui
 dévastèrent la France pendant une partie du quatorzième
 siècle. D'ailleurs, comme nous l'avons fait remarquer, il est
 probable que le Pelit-Meschin revenait de Saugues, sur la
 Loire, dans les premiers jours de mars, alors que les Français
 commençaient seulement leurs préparatifs pour attaquer les
 Tard-Venus, qui ne durent s'emparer de Brignais qu'à la fin
 de mars ou au commencement d'avril, si l'on en juge par
 le texte de Froissart.