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254             OBSÈQUES DU DOCTEUR ROUGIER.

qui a transformé notre ville ; il a développé toutes ces hau-
tes questions dans un compte rendu où l'on trouve a la fois
le médecin et le moraliste , l'administrateur et le philan-
trope. Ce rapport, écrit avec toute l'indépendance de son
caractère et toute la force de son style, restera comme un
lumineux résumé du bien qui s'est fait, un fécond program-
me du bien qui reste a faire.
   Il a présidé sa société de médecine après être resté pendant
de longues années son secrétaire général, et l'élégante luci-
dité de ses travaux l'avait fait surnommer le Pariset lyonnais.
   L'étoile de l'honneur a brillé sur sa poitrine ; sa modestie
seule a pu recevoir comme une faveur ce que l'opinion pu-
blique attendait pour lui comme une justice , et il a tenu à
justifier, par de nouveaux efforts , une distinction que tanl
de services passés avaient si largement conquise.
   Tant de titres avaient, dès longtemps , fixé sur lui les re-
gards de l'Académie. Ouvrir ses rangs aux illustrations de
la cité, c'est à la fois sa mission et sa récompense ; elle l'ap-
pela dans son sein et le plaça bientôt à sa tête. Nul ne l'a
servie avec plus de zèle, nul ne l'a présidée avec plus de dis-
tinction : il nous apportait une riche dot : une science prati-
que, une plume littéraire, un caractère aimable et grave, une
irréprochable pureté de sentiments et de pensée comme de
style. Chacun s'honorait de rechercher son amitié, chacun,
sur les sujets les plus divers , se plaisait à interroger sa
sagesse. Parmi tant de communications intéressantes , il
nous a laissé un compte rendu des travaux de l'Académie
varié comme ses lumières, rapide comme une esquisse, co-
loré comme un tableau. Tous les portraits y sont attrayants
et fidèles ; c'est un modèle exquis de ce genre difficile et
 vraiment académique , qui sait relever les travaux d'autrui
 par l'inspiration personnelle , sans les amoindrir ni les ab-
 sorber jamais.