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440                     LYON AVANT 89.

blés; on doit reconnaître aussi que la rigueur avec laquelle il
l'exerçait quelquefois, trouvait une sorte d'excuse dans le peu
de franchise des communes à son égard. Les bourgeois, tout
 au moins ceux de Lyon , en vrais marchands qu'ils étaient,
avaient l'habitude de dissimuler une partie de leurs recettes et
de ne pas payer leurs dettes, môme quand ils auraient pu le
faire, afin d'avoir un gros chiffre de charges communales à
opposer victorieusement aux demandes du trésor : par exem-
ple, à l'avènement de Louis XIV , la contribution de Lyon
montait à neuf cent mille livres ; la ville, après une longue et
bruyante résistance, affecta l'obligation d'emprunter sept cent
quatre vingt mille livres, pour pouvoir payer le roi : c'était le
moment où elle disposait de fonds suffisants pour construire
son grand Hôtel—de-Ville.
   Le rachat des privilèges fut un expédient financier bien plus
coupable, qui s'établit peu à peu d'une manière toute natu-
relle. A chaque avènement, la commune faisait au roi un don
en argent, le roi confirmait les privilèges de la commune. Ces
deux actes, qui d'abord coïncidaient sans se commander, ne
tardèrent pas à devenir la conséquence l'un de l'autre, puis
la Couronne fit une nouvelle distinction et demanda une
somme pour le don de joyeux avènement et une autre pour la
confirmation des privilèges. — A cet abus s'en joignit un se-
cond plus grand encore : le roi créa des offices vénaux dont
les attributions empiétaient sur le pouvoir des communes au
point que celles-ci étaient obligées de les racheter pour con-
server leurs franchises. L'origine de ces moyens fiscaux re-
monte loin ; mais c'est surtout à partir du règne de Louis XIV
qu'ils se développèrent et devinrent odieux. En 1674 , la
commune de Lyon paya au roi quarante mille écus pour
rachat d'offices nouvellement créés ; en 1690 , elle emprunta
cinq cent mille livres à la ville de Gênes pour le même
objet. Il me serait facile de multiplier ces exemples ; comme