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                      POESIE.

              LA FEUILLE DE CHÊNE.

                         Fable.



Vers le commencement de l'automne dernière,
Une feuille de chêne un soir se détacha.
Les bois, quand de sa branche un hasard l'arracha,
Gardaient, intacte encor, leur robe printanière.
Des victimes d'octobre elle était la première.

D'un Monsieur qui passait elle frappa les yeux,
Quand un zéphir, des vents le plus capricieux,
Alentour se jouant, la soulevait de terre,
Afin de l'emmener au vallon solitaire
Qui, non loin, déroulait ses beaux tapis soyeux.

Il court et, lestement, dans l'herbe la ramasse.
Tout joyeux ( on eut dit qu'il tenait un florin,
Que sur un diamant il avait fait main basse)
Ilaveint un album où, sur le brun chagrin,
La double initiale en plein or se prélasse.

Quel était son projet? Collecteur assidu,
Voulait-il séquestrant notre feuille, la clore
Plus tard en quelque herbier, catacoinbe de Flore,
Ou, rival de Saint-Jean, la peindre à temps perdu ?
Je ne sais. Cependant la pauvrette l'implore.

Vive était sa requête : — « Homme malencontreux,
Pourquoi m'as-tu soustraite à ce vent généreux
Qui soufflait, messager d'une tardive rose,
                                               fi *