Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
  30                      LYON AVANT 89

  Florence envoya à Lyon les Pazzi, les Gondi, les Gadagne,
  lesStrozzi, les Alamani, les Orlandini, lesSpina, lesSalviati;
  Lucques les Spada , les Burlamachi ; Gênes les Spinola, les
  Torre , les Franzoni, les Fieschi ; Milan , Venise , Naples
  fournirent leur contingent d'intelligences , de capitaux et d;;
  bras; à côté des méridionaux, à la vive et mobile imagina-
  tion, parurent bientôt les Suisses et les Allemands , esprits
  plus positifs, qui, laissant aux premiers le travail de l'inven-
  tion et de la fabrication , s'adonnèrent aux calculs de In
  Banque.
     Ce concours d'étrangers stimula le zèle, accrut les res-
  sources des Lyonnais, et le commerce de leur ville suivit dès
  lors une progression si rapide, qu'au bout d'un siècle il attei-
  gnit le chiffre, énorme en ce temps là , de quarante millions
  par an. Ce fut son apogée ; sous Louis XIV commença une
  période de ralentissement et d'inquiétude qui remplit tout le
  XVIII* siècle; la plupart des contemporains ont voulu attri-
  buer cette décadence à des causes accessoires , telles que la
  concurrence étrangère , le trop grand nombre des nouveaux
  négociants, l'affectation des principaux commerçants à se
  retirer des affaires quand ils avaient acquis la noblesse; mais
  les hommes sérieux reconnaissaient déjà et doivent à plus
  forte raison penser aujourd'hui quelle tenait à des motifs plus
  intimes et plus graves, à la révocation de l'édit de Nantes, au
  mauvais état des finances du royaume , aux contestations
  entre maîtres et ouvriers, aux questions de liberté et de salaire,
** enfin à ce malaise général qui préparait de loin la Révolution.
  — Malgré celle décadence , ou pour mieux dire ce ralen-
  tissement de progrès , l'importance de Lyon et de son
  commerce avaient augmenté dans l'intervalle qui sépara
  Louis XIV de 1789. La population, qui, dans le temps de la
  plus grande prospérité commerciale, n'avait jamais dépassé
  quatre-vingt dix mille âmes, s'était élevée à cent vingt ou