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20 ASSOCIATIONS OUVRIÈRES.
serait la détruire que la rendre obligatoire. Chacune a donc
son rôle et sa sphère ; on les dénaturerait en les confondant.
Nous n'avons qu'un vœu a faire , c'est que la mutualité ne
diminue en rien la charité, et qu'elle la rende plus efficace,
en augmentant le nombre de ceux qui donnent, en dimi-
nuant le nombre de ceux qui reçoivent. C'est là le progrès
qu'il est permis d'espérer.
Nous applaudissons donc sans réserve a la distinction faite
par l'auteur du mémoire couronné entre des institutions
d'une nature aussi différente. Nous concevons le danger
qu'il y aurait si quelques esprits imprudents venaient Ã
mêler ce qui doit être séparé. Et cependant nous ne pouvons
nous empêcher d'observer que si les royaumes sont distincts,
ils ont quelques frontières communes. Les souscriptions des
membres honoraires dans les sociétés de secours mutuels ont
tous les caractères de dons charitables. Tel but particulier
qu'une société de secours mutuels se propose d'atteindre est
aussi celui que poursuit une société de charité. Ne serait-il
donc pas a propos , tout en laissant a ces sociétés d'ordre
différent leur marche différente, de tenir compte de leur
coexistence et du concours qu'elles peuvent se prêter?
Pourquoi l'auteur, qui paraît mieux convaincu que personne
des services rendus par les sociétés charitables, particuliè-
rement par celle de Saint-François-Xavier, s'est-il défendu,
avec autant de rigueur qu'il l'a fait, toute excursion dans un
domaine voisin, disons mieux, dans un domaine qu'il pouvait
regarder aussi comme le sien ?
L'Académie nous excusera de nous étendre sur un sujet
de cette importance qu'on ne saurait traiter à demi. Après
l'avoir entretenue du passé et du présent, il nous reste a lui
dire quelques mots, non pas de l'avenir, ce qui serait ambi-
tieux, mais de ce que l'on peut taire encore et de ce que l'on
doit raisonnablement espérer.