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432 HISTOIRE DO BEAUJOLAIS Le seigneur du pays ne s'était jamais dit : Ici je bâtirai une ville. Il se rencontre qu'elle s'est créée toute seule. Frappé de l'accroissement rapide du petit hameau, de l'extension de la colonie, le seigneur juge d'un coup d'œil (quand il a du coup d'œil) les chances de l'avenir ; il pressent les avantages, calcule les bénéfices, voit à la fois gloire et intérêt à exploiter l'embryon naissant; il accourt, il encourage, il protège; il accorde chartes, franchises, privilèges, immunités, et est réputé fondateur. C'est ainsi qu'il faut interpréter les expressions de la charte de 1260, quand, en parlant d'Humbert-le-Jeune, elle dit for- mellement : Quifundator extilil Fillœfranchœ. Mais l'origine date de plus loin. L'abbaye de Gluny, dont nous retrouvons la main colonisa- trice au berceau de tant de nos villes et villages, avait fondé un prieuré à Limas. Il a été dit, aux premières pages de ce chapitre, que Hum- bert-le-Vieux avait acquis de Guichard , qualifié frère de Milon , la lerre.de Limas, c'est-à -dire que l'alleu de Limas s'était converti en fief sous la mouvance des sires de Beaujeu. Comme on voit presque aussitôt la maison de Beaujeu agir en propriétaire, on doit en conclure que la famille vassale n'avait pas tardé à s'éteindre. À celte époque doit remonter rétablissement de la tour du péage. « La tradition commune dans le pais est, qu'il y avoit une grande Tour, qui dure encore, et qui est a la porte d'Anse, du côté de Lyon, et qu'on l'appelloit la tour du Péage, à cause qu'on y levoit un droit, pour les seigneurs de Beaujeu, selon la coutume de ces temps la. L'occasion de ce péage fit qu'on bâtit plusieurs maisons au prezdela tour; veu môme que c'estoit un lieu de passage, sur le grand chemin de Bour- gongne. Ces maisons firent un bourg qui estoit dans la