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                   LE CHATEAU DE CARILLAN.                   53

    Il dit que le château appartenait à un agent de change de
 Paris, qui venait de le mettre en vente. C'était M. Clairvaux.
 Il avait épousé une demoiselle, dont le frère était un beau
 jeune homme, de qui on lui avait dit beaucoup de bien ;
 puis il me demanda si je n'avais pas été au collège avec
 Gersol. Sous le regard interrogateur de Rose, je ne me sentis
 pas le courage d'un inutile mensonge. M. Laval nous dit
 enfin qu'il n'était pas impossible que Gersol, aimant son
pays plus que M. Clairvaux, achetât le Château de Carillan
et qu'il devait prendre un parti à ce sujet selon que le do-
maine serait plus ou moins recherché. Cette nouvelle me
remplit d'angoisse pour Julien.
    Quant à Rose, elle paraissait réfléchir profondément. Elle
fit encore quelques questions à M. Laval.
   — On dit que les chemins y sont affreux ?
   — Par exemple ! fit le notaire, je suis allé en voiture jus-
qu'au château, à l'occasion même de la vente. Les chemins
de Carillan sont aussi beaux que les nôtres. M. et Mme Clair-
vaux y vont et viennent avec leur calèche de Paris.
   Rose demanda ensuite quel pouvait être le prix du domaine.
Il était assez modéré, Carillan étant une vieille construction
dans un pays isolé.
   A l'intérêt que trahissaient les questions de ma sœur, en la
voyant demeurer ensuite silencieuse et pensive, je tremblai
qu'elle n'eût plus rien à apprendre. Tout intelligente et bonne
que fût Marguerite, elle était étonnée, presque contrariée de
ce silence. Elle cherchait a distraire Rose et le faisait môme
d'une manière assez mutine.
   — Comme te voilà sérieuse et triste ! lui dit-elle enfin
étourdiment; a quoi penses-tu donc?
   — A quoi pensais-tu, quand tu étais à Dampierre? ré-
pondit ma sœur, un peu vexée.
   — Oh! j'étais bien malheureuse! fil Marguerite, avec un