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HISTOIRE DU BEAUJOLAIS AU XII e SIÈCLE. 191 des plus remarquables. Trois souverains là comme ici, la remplissent tout entière. A Paris , Louis VI, Louis VII et Philippe-Auguste ; à Beaujeu, Guichard, Humbert-le-Vieux, Humbert-Ie-Jeune. Les deux premiers dans les deux familles régnent pendant près de qualre-rvingts ans. Le premier de chacune des deux expire en 1137; le second va de cette date à 1180 (à peu près). Chacun d'eux agit vivement sur la des- tinée des autres. Guichard eut pour épouse une jeune fille qui avait été fiancée à Louis VI ; Humbert-le-Vieux eut des rapports quelquefois hostiles, le plus souvent amicaux avec Louis VII ; Humbert-Ie-Jeune fut réprimé par Philippe- Auguste. Pendant que les rois de France mettaient leur royauté hors de page, les sires de Beaujeu affermissaient et fondaient définitivement leur maison féodale. L'une des deux familles devait avoir des destinées autrement glorieuses et retentissantes; mais l'autre présente un caractère remarqua- ble; elle naît et meurt avec son principe. Sortie des décombres de la société avec la féodalité naissante, elle disparaît avec la féodalité à la fin du quatorzième siècle. Elle en représente fidèlement l'esprit et en subit toutes les phases. Le douzième siècle, en Beaujolais, voit l'épanouissement des forces lentement amassées pendant je ne sais combien d'années de préparation laborieuse. Cet épanouissement éclate par des fondations sans nombre : fondation du prieuré de Grammont, de l'abbaye de Joug-Dieu, de Beaujeu et de son église, résurrection de Belleville, fondation de l'abbaye, fon- dation de ïhizy, fondation de Villefranche. Sur celte terre fraîchement baptisée d'un nom inconnu la veille, un souffle régénérateur multiplie les cités autour desquelles rayonneront le mouvement et la vie. Les deux premiers sires de cette époque, Guichard et Humbert, son fils, sont deux hommes d'une personnalité énergique. L'homme jouait un grand rôle dans la société du