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AU XIIe SIÈCLE. 369 Comment Lunna fut-elle détruite? aucun écrivain, que je sache, n'a élucidé la question. Elle le fut probablement à plusieurs reprises, ayant la vie dure. Les fouilles ont cons- taté des découvertes d'antiquités à des profondeurs fort diverses et appartenant à des âges différents. Les invasions passèrent et repassèrent dans ce grand chemin des armées ro- maines, aux bordsdel'Arar auxflotspaisibles. Yilleset villages disparurent sous leurs pas. Aux IIIe et IVe siècles, les peupla- des diverses du Nord sillonnèrent et ravagèrent nos contrées; au VIIIe siècle (727 à peu près?) les Sarrasins, ayant achevé « leur œuvre de destruction à Lyon, remontèrent la Saône « et détruisirentMâcon etTournus (1).» On necite pas Lunna, mais elle dut être engloutie dans la tempête. De toutes les invasions, celle des Sarrasins est restée le plus profondément gravée dans les traditions des riverains de la Saône. La terreur de leur nom vit encore dans certains villages. Il y a là l'écho lointain d'un immense carnage. Deux siècles plus tard (956), une irruption de Hongrois promena le fer et le feu dans ces riches prairies destinées à être la victime de tous les fléaux. Lunna fut complètement anéantie dans ces orages suc- cessifs. Le nom même fut rayé de la carte. Il n'en est plus question jusqu'au jour où, sous le nom de Belleville, elle ressuscite autour de son abbaye. « Tellement que l'an 1158 , icelui prince Humbert de Beaujeu commença à bastir une belle et somptueuse église, dédiée en l'honneur de la très-glorieuse Vierge Marie, pour la consécration de laquelle fut envoyé par l'archevesque Éraclius, Tévesque de Maçon, Ponlius. Et en l'an 1164, désirant le prince Humbert ériger cette congrégation de moynes en plus haut degré d'honneur et en dignité d'abbaye, se transporta à Lyon et en plein chapitre de la grande église, (1) Monfalcon. Hist. de Lyon, l " vol. p . 283. 21