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                       NICOLAS BERGASSE.                      23

reconnu à tout citoyen de concourir, soit par lui-môme, soit
par ses représentants, à la formation de la loi ; —civile, elle
est la faculté de faire tout ce qui n'est pas défendu par la loi.
Bergasse marquait ainsi combien sont vaines et misérables ces
distinctions qu'on entend proposer quelquefois entre la liberté
politique, dont il serait permis de faire bon marché, et la li-
berté civile, seule nécessaire au bonheur des Etats. Ce sont là
évidemment des équivoques de Bas-Empire. La liberté civile
n'est qu'oppression si la loi à laquelle je dois obéir n'est pas
mon œuvre. Toute liberté est nécessairement politique. Ce
n'est que lorsqu'elle n'existe pas dans la constitution qu'on
est réduit à la chercher dans les codes. Cette liberté civile,
fille de la liberté politique, a pour organes les tribunaux. Le
gouvernement ne doit en aucun cas dépendre d'eux, et ils ne
doivent jamais dépendre du gouvernement. Ni droits d'enre-
gistrement, ni lits de justice. Avec le régime de la liberté
politique définitivement conquise, il serait inutile de garder de
puissantes compagnies de magistrats qui ne manqueraient
pas d'entrer en conflit avec la représentation nationale appe-
lée à les remplacer. Le moyen d'enlever à l'institution judi-
ciaire l'importance politique qu'elle a eue jusqu'à présent
serait d'augmenter le nombre des cours et de diminuer
notablement dans chacune d'elles celui des conseillers. L'idée
que le droit de juger peut être un droit qui se transmet et
s'achète comme un droit privé, est une idée anarchique. Ni
vénalité, ni hérédité des charges. On voit assez comme cette
argumentation sapait par sa base le vieil édifice des parle-
ments. Cette vénérable représentation de la justice sous l'an-
cien régime, par qui le pays s'était donné plus d'une fois
l'illusion de la liberté politique , n'obtint que l'hommage
de quelques regrets : « Malheureusement , disait le rap-
porteur de la Constituante, quand on est appelé à fonder
sur des bases durables la prospérité d'un Etat, ce n'est pas