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102                   NICOLAS BERGASSE.

'.'époque où, réuni aux souverains mes alliés, je serai à même
de m'occuper de ces questions fondamentales, auxquelles le
bonheur et la tranquillité de l'Europe sont si intimement
liés (1). »
    Dans !e même moment, la plume de guerre de Chateau-
briand traçait ces lignes à l'adresse de celui qu'on appelait
l'avocat consultant de la Restauration : « Nous avons grand
besoin, monsieur, de vos talents et de votre courage. Venez
à notre secours. Les plus infâmes calomniateurs, les plus
lâches et les plus pervers des hommes triomphent ! Prenez
votre plume, écrasez ces malheureux sous l'éloquence de la
vérilé. Je suis resté seul sur le champ de bataille, mais au-
près de vous je me ranimerai. Vous devez aux hommes compte
du génie que le ciel vous a donné. Vous vous repentirez toute
votre vie, si nous périssons, de n'avoir pas essayé de nous
sauver. Je suis avec vérité votre plus dévoué serviteur et
admirateur.
                                   « CHATEAUBRIAND. »
  « Paris, 6 août 1818.

   Bergasse prit sa plume en effet, et, dans un écrit intitulé :
Essai sur la loi, sur la souveraineté et sur la liberté de la
presse, il se déclara l'ennemi, comme toujours, de ceux qui
commandent Je silence, et demanda pour la presse un jury
formé par égales parts de magistrats des cours royales et de
jurés spéciaux sur lesquels l'accusé pourrait seul exercer le
droit de récusation.
   En tête des questions qui divisaient alors les assemblées
politiques et remuaient profondément les masses, il faut pla-
cer la question des biens nationaux. Je juge inutile d'y re-
 venir devant vous. Elle a été résolue à cette époque par une

  (1) 4 août 1822.