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478                DES TENDANCES DE L'ART.
  pour s'égaler à lui ; l'autre bonne, c'est, au fond de tous les
  doutes, un amour sincère de la vérité et du bien.
     La première est vieille comme le monde ; elle subsiste
  à travers les siècles et perpétue le spectacle de l'impuis-
  sance et des tristesses d'un orgueil incrédule ; la seconde
  nous paraît être le plus glorieux privilège et l'honneur des
  générations actuelles. Le préjugé existe encore, mais l'opi-
  nion générale sent ce qu'il y a de plus intime en elle,
  révolté contre lui, et, même en le flattant, aspire à le dé-
  truire ; l'histoire fouille les origines lointaines, la philoso-
  phie proclame le respect dû à la bonne foi, l'art déplore,
  quoiqu'il se résigne à le subir, le honteux esclavage où le
  matérialisme l'a réduit. Le bien n'est pas encore découvert,
  mais la conscience publique le proclame d'avance et lui pro-
  met son appui.
     De ces deux tendances laquelle l'emportera? Question
  immense d'où il dépend de savoir si notre siècle marche
  vers une époque d'incomparable grandeur ou d'incompara-
  ble abaissement. Que d'autres augurent mal de l'avenir.
  Pour nous, fils des temps nouveaux, nous aimons mieux
  croire à la grandeur future qu'à la décadence de notre siè-
  cle, et, confiants dans la bonté de Dieu et dans les facultés
  de l'homme, nous attendons sans crainte la radieuse appari-
  tion du génie qui, du sein de nos aspirations incomplètes,
  fera surgir à nos yeux des splendeurs inconnues.

                                       Comte de   PONCINS.




      7 Septembre 1862.