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PIERRE REVOIL. 181 avec l'assurance d'être le peintre du duc de Berry (1). Cet âge d'or pour nous dura peu, Louvel d'abord, puis les journées de juillet y eurent bientôt mis fin. Les manifestations d'attachement que Révoil avait prodi- guées a la branche aînée lui firent penser qu'il devait se retirer et, trois jours après la catastrophe qui venait de briser tous ses rêves et toutes ses affections, il partait avec toute sa famille pour la Provence et abandonnait son école et ses chers élèves. C'est ainsi qu'il a été perdu pour nous. Son emploi pourtant n'avait rien de politique ; il aurait pu, je le suppose du moins, continuer ses fonctions et, je ne pense pas que le nouveau gouvernement eût songé à venir S'y troubler. Néanmoins, soit conviction, soit crainte, il ne crut pas pouvoir s'y maintenir. Quelques années après, Révoil, sans fortune ni ressource d'aucune sorte, abandonné de tous, alla se confiner dans un grenier de la rue de Seine, à Paris, où il me fut permis d'aller l'embrasser et de mêler mes larmes à celles que lui arrachaient de tristes et décevantes ingratitudes : « Sois peintre, mon ami, et rien autre, me dit-il alors; un peintre ne doit jamais se mêler de la politique, comme /'ai eu le tort de le faire. Les vainqueurs le poursuivent, les vaincus l'oublient et le malheur seul le visite. » Louis-Philippe avait bien songé à donner à Révoil la place de conservateur des dessins du musée du Louvre, mais les bureaux surent paralyser les bonnes intentions du souverain. Je vous ai parlé de l'homme et du professeur, il me reste maintenant, Messieurs, a vous parler du peintre. Révoil, je vous l'ai dit, était de l'Ecole de David ; Raphaël était son maître de prédilection, et tous ses efforts tendaient (1) C'est à Michel Gcnod que fut décernée la grande médaille d'or. (Noie du secrétaire général.)