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ÉMIGRATION DES HELVÉTIENS. 221 qui, suivant un cours tout opposé, déverse ses eaux dans la Loire (1). C'est par cette ouverture que les Helvétiens, en gens bien avisés, résolurent de passer : elle leur ouvrait une voie facile jusqu'à la Loire. Après avoir traversé cefleuve,ils entraient dans le pays assez plat qui s'étend entre la Loire et l'Allier, ils pénétraient dans les vastes plaines des Biluri- ges, dans les campagnes des Pictons, et parvenaient ainsi au pays où ils désiraient s'établir. Cet examen des lieux et des passages, les préparatifs né- cessaires pour une aussi longue expédition, les provisions de vivres qu'il fallait amasser, les nombreux chariots qu'il fal- lait réunir ou confectionner, leur prirent deux années en- tières. Enfin, toute la nation s'ébranla au commencement de l'an 59 avant Jésus-Chrisl, et se donna rendez-vous vers Genève, au cinquième jour avant les Calendes d'avril (28 mars). Il s'y trouva 92,000 guerriers et 368,000 individus , hommes, femmes et enfants. Les Helvétiens, proprement dits, s'élevaient au nombre de 260,000. 11 y avait, en outre, 36,000 Tulingiens (2), 14,000 Latobriges (3), 23,000 Rau- raques (4), 32,000 Boïens (5), peuples voisins qui, parta- (1) C'est le cours de ces deux rivières que suit le canal du Centre, qui fait ainsi communiquer la Loire et la Saône, l'Océan et la Méditerranée ; l'étang qui réunit les deux rivières a le nom de Longpendu. (2) Peuple que le savant Cluvier place dans le Vorarlberg (Germaniœ, t. II). Quelques auteurs placent ce peuple dans la Souabe, se fondant sur le rapport du nom de la ville de Sluhlingen, près Schaffouse, avec celui des Tulingiens. Mais Cluvier fait observer avec raison qu'il n'est pas probable qu'un peuple que les déprédations fréquentes des Helvétiens avaient rendu leur ennemi se lût uni à eux et eût fait partie de leur expédition. (3) Peuple que Cluvier place dans le Haut-Valais (Germaniœ, t. II). (4) Rauraques, peuple qui habitait l'évêché de Bà le et le Sundgaw, partie de l'Alsace. (5) Partie errante des Boïens qui, chassés de l'Italie qu'ils avaient occu- pée dans une ancienne émigration avec les Sénonais, se retirèrent vers les