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122 NOTICE SUR CH. RITTER. la mythologie et les règles du rudiment. Aussi quelle igno- rance nous avons sous ce rapport (1) ! Cependant Strabon avait déjà indiqué sous quel point de vue on doit envisager la géographie. Je ne puis résister au plaisir de vous citer ici ce beau passage : « S'il est une science digne du philosophe, c'est assuré- ment celle de la géographie dont j'entreprends de traiter aujourd'hui. Plus d'une preuve le démontre. D'une part, ceux qui les premiers osèrent s'y appliquer furent des hommes tels qu'Homère -, Hérodote, Anaximandre Heckatée, Démocrite, Eudoxe, Dikaïarck, Ephore et tant d'autres auxquels succédè- rent Eratosthènes, Polybe, Possidonius, tous véritables philo- sophes. Et d'autre part, la variété d'instruction nécessaire aux véritables géographes ne saurait être le partage que de celui qui, dans son étude, embrasse toutes les choses humaines et divines, dont la pleine connaissance constitue ce qu'on ap- pelle la philosophie. Enfin la science géographique donne tant d'avantages pour se conduire dans la vie civile et dans les affairés du gouvernement ; elle nous apprend si bien tout ce qui concerne les phénomènes célestes, les animaux aquatiques ou terrestres, les plantes, les productions de (1 ) Quelques exemples : Un de nos grands journaux, réputé le plus scientifique, faisait preuve de connaissances géographiques à l'occasion de nos inondations (1840) : « La Loire a pris trois mètres de crue subite et la manufacture anglaise « de Tarare a été renversée. » Il a pris sans doute pour un cours d'eau, la route de Lyon à Roanne. « Par suite du débordement de la Saône, la Meuse et la Marne viennent « à leur tour de sortir de leur lit. » Un proviseur de Lycée me demandait très-sérieusement « si le Rhin est « bien large à Francfort-sur-lc-Mein. » Enfin j'ai vu une lettre partant d'un ministère avec cette adresse : A Hong-Kong, petite ville qui doit être dans quelque parage des mers de la Chine.