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280 HISTOIRE LITTÉRAIRE position scolaire, un professeur, un élève, un sujet chrétiens, trois choses que devaient difficilement posséder les écoles méniennes dirigées, au temps de la composition du poème , par un païen zélé, le rhéteur Eumène. « Peut-on, dit « M. l'abbé Rocher, ranger ce rhéteur au nombre des offi- c ciers du palais qui étaient chrétiens? Je ne le pense pas. e « Les quatre discours qui nous restent de lui expriment pour « le culte des faux dieux tant de respect, de vénération , « d'attachement, qu'il est difficile de supposer que les pa- « rôles de l'orateur n'aient pas été l'écho fidèle de ses sen- te timents intérieurs et de ses convictions religieuses (1). Je commence maintenant mon analyse. Je présume que le rhéteur de l'Ecole municipale de Lyon, chargé de la classe qui répond, dans nos lycées, a la der- nière des humanités, aura tracé a ses élèves ce programme de composition : mettre en hexamètres l'événement miracu- leux arrivé récemment au tombeau de saint Rhéticius d'Au- tun ; tirer l'exorde du sujet ; donner un préambule historique ; passer au récit de la merveille ; en prendre texte pour louer le Seigneur; terminer par un éloge de notre victorieux em- pereur et par des vœux pour sa famille. Ce programme renferme bien, ce me semble, le plan énoncé par le titre du poème. Voyons de quelle manière l'élève , dont la composition nous reste , s'y est montré fidèle. Son exorde est, en effet, tiré du sujet même; il est sim- ple, grave, austère, comme il le fallait pour le récit qui le suivra. Le voici : « Pourquoi se plaindre que les récompenses, encourage- « ment de la vertu, n'arrivent que dans un avenir éloigné? (1) Traduction du Discours d'Eumène, publ. par la Société éduenne pp. 63 et 64.