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394 LES SARRASINS BANS LE LYONNAIS. la médecine, l'agriculture (1) et l'industrie profitèrent; outre la bougie, le papier, l'ouate, la bourrache, le tambour qu'ils firent connaître à la Gaule, les Arabes dotèrent la Bresse de cette race admirable de chevaux que les mauvais soins n'ont pu faire dégénérer; de ces volailles que les gourmets ont ren- dues célèbres (2); de ce blé noir, fortune du pauvre, que le Dombiste mange, en pâte légère délayée dans de l'eau ou du lait et cuite légèrement entre deux plaques brûlantes, comme le voyageur du désert; le commerce s'est enrichi de ces chiffres simples et commodes qui ont fait presque oublier la numé- ration embarrassée des Romains; la langue s'est emparée d'une foule de mots dont elle ne pourrait plus se passer, de- puis alambic jusqu'à taffetas (3); mais, surtout, il est un nom qui mérite l'attention de l'historien et qui serait une révéla- lion, si l'histoire ne devait accepter qu'avec réserve ce qui lui est appris par les poètes. Voilà ce que dit M. de Lamartine, dans cette prose magique dont lui seul a l'usage et qui est une poésie comme tout ce qui jaillit de sa puissante imagination : « Quand on chemine à pied de Mâcon à Saint-Claude, on trouve d'abord la Bresse, bocagère et plane comme la grasse Attique, ruisselant d'huile, entre le Pyrée et Athènes. « L'olivier de la Bresse, c'est le pâle saule qui ne verse que l'ombre légère aux vaches blanches des prairies et qui, tondu tous les trois ans par la serpette de l'émondeur, penche son tronc chauve sur les mares ou sur les étangs. On croit lire une églogue de Virgile : « 0 utinam ! et plût aux dieux (1) L'agriculture, en Sicile, dut aux Arabes ses plus grands progrès: le coton apporté par eux des champs syriens , la canne à sucre, le frêne qui produit la manne, le pistachier, etc., etc. » (EBS-KHALDOOS, Histoire de l'Afrique.) (2) Courrier de l'Ain, la Presse. (3) Nous pouvons citer: alcali, alchimie, alcool, algarade, algèbre, al- manach, ambre, amiral, mesquin.