Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
364                    HISTOIRE DU BEAUJOLAIS



                                Beaujeu.


   Les villes et hameaux du Beaujolais sont en grande partie
éclos autour de leurs églises. La réunion religieuse a précédé
la réunion civile; le chrétien a précédé le citoyen.
   Avant le douzième siècle , l'emplacement où s'allonge
aujourd'hui le long couloir de Beaujeu était un petit lac. Il
n'y a de cela aucun titre; mais la tradition est unanime, enra-
cinée, et la topographie lui donne une autorité considérable.
   Au fond d'une gorge resserrée entre des montagnes, sinon
élevées, au moins fort raides, rien de plus naturel que l'exis-
tence d'une vaste pièce d'eau; rien de plus naturel encore
que les châtelains et leur famille aient tenu à conserver, au
pied du manoir, un lac aux eaux vives traversé par un ruis-
seau dont l'abondance les renouvelait sans cesse. On trouve
des étangs petits ou grands auprès de tous les vieux châteaux.
N'était-ce pas la une source intarissable de fraîcheur , un
théâtre de plaisirs variés où promeneurs , baigneurs , pê-
cheurs pouvaient à leur aise égayer les longs jours d'été !
   Louvet rapporte la tradition (1) ; mais il en conteste la
vraisemblance. Où donc alors passait le grand chemin ? s'é-
crie-t-il. Il oublie que les voies de communication du XIIe
siècle ne ressemblaient en rien à celles du siècle de Louis XIV;
que nos aïeux du temps de Guichard ne connaissaient pas le
roulage; que le transport des marchandises se faisait à dos
de mulet la plupart du temps; que, du reste, un chemin
praticable pour la desserte du château, au levant, longeait le
côté méridional de la montagne de Gonty et aboutissait à la
vallée près du hameau d'Ecrots.
   Ce lac, délices de la vallée, où se miraient les montagnes

  (1) Louvet, Hist. Man. 4 e partie, chap. 5, p. 5. — Laearelle I. p. 53.