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LES SARRASINS DANS LE LYONNAIS. 389 Africains se réveilla plus aclive et plus ardente que jamais. Les Bérébères, les premiers,déclarèrent qu'ils se contentaient des biens de la terre, et que d'autres pouvaient porter la semence de la parole jusque dans les neiges d'Upsal, dans ces lieux reculés et inconnus où Odin était encore adoré comme un Dieu (1). Alors l'archevêque Ebbon n'eut qu'à se montrer à la léte de ses guerriers ; l'effroi des grandes forêts de la Gaule du nord, le souvenir des frais coteaux de Dijon et de Nuits firent tourner la tête en arrière aux cavaliers qui avaient bravé le simoun, traversé l'Afrique brûlante, et qui devaient an départ conquérir le monde (2). Leurs escadrons légers se répandirent sur les bords de la Saône, et, quand Childebrand vint à marches forcées, par le centre de la France, couper les renforts qui remontaient le Rhône, il y avait longtemps que l'armée d'Alhim et d'Amorrhée n'était plus un danger pour les chrétiens. Mais que faire de ces hordes souillées? de ces tribus qui n'avaient plus de musulman que le nom? Les ramener en Espagne, en Afrique, en Arabie, peut-être ? Montrer aux croyants de Médine et de Damas l'épouvantable spectacle (1) « Il s'éleva des disputes entre les Arabes de Damas et ceux de l'Arabie-Heureuse, entre les Bérébères et les Modarites, et ils se firent une guerre cruelle. » (HIDJAZI, Mesheb.) « La vérité est que les Berbers sont un peuple bien différent des Arabes, excepté peut-être les tribus des Sanhadjah et des Ketamah, qui, selon moi, doivent être regardées comme parentes et alliées des Arabes. Mais Dieu le sait. » [Histoire de l'Afrique sous la dynastie des Aghlabites, par EBN-KHALDOHN.) (2) « Se sentans estre entrés trop avant en France et craignans d'estre enclos, retournèrent en mesme hastivete qu'ils estoient venus et retournant en arrière achevoyent' de brusler et détruire ce qui estoit demouré entier, à ce que Charles-Martel ne trouvast rien d'entier après eux... Ainsi fut toute la Bourgongnc mise en ruine par les Visigoths et par les Sarrazins. » (G. PARADIS, Annales de Bourgogne.)