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             HISTOIRE DU BEAUJOLAIS AU XIIe SIÈCLE.              293

péchés, Faisant un retour sur lui-même, considérant tout ce
qu'il avait à se reprocher, il résolut de consacrer à la péni-
tence le reste de ses jours. Il choisit pour sa retraite l'abbaye
de Cluny, dans le but probable d'expier ses fautes là où elles
avaient été commises, car il avait fait souffrir au monastère
des maux innombrables « innumera mala (1). »
   Alors commença pour le baron guerrier, pillard, construc-
teur , fondateur , organisateur , une vie nouvelle. Chose
étrange 1 Cet homme, dont l'existence entière s'était passée
sous les armes ou dans les combinaisons d'une politique astu-
cieuse et envahissante, rencontre , à l'ombre du cloître, les
inspirations de la poésie.
   Le fait vient de nous être révélé par les savants éditeurs de
l'ouvrage de Lamure intitulé: Histoire des ducs de Bourbon
et des comtes de Forez. Dans les notes précieuses dont ils
l'ont enrichi, on lit: « Un moine anglais, Walter Mapes,
dans un ouvrage édité en 1850 par M. Th. Wright et publié
par la Société de Camden, d'après l'unique exemplaire ma-
nuscrit conservé à la bibliothèque Bodlecenn, a parlé de cette
conversion comme d'une chose miraculeuse. L'article qu'il
consacre à ce fait dans son livre intitulé : De nugis eurialium
distinctiones quinque, nous a paru digne d'être reproduit à
cause des détails nouveaux et curieux qui s'y rencontrent ;
nous pouvons les présenter à nos lecteurs comme inédits, en
ce sens qu'ils sont à peu près inconnus et n'ont été reproduits
que dans l'opuscule imprimé en Angleterre et extrêmement
rare auquel nous les avons empruntés. Walter Mapes qui
était presque contemporain de Guichard, comme on peut le
voir, s'exprime ainsi: ... in unum collectis viribus, se subito
poetam persensit, suâ quomodo linguâ , scilicet Gallicâ,
preciosus effulgens, laicorum Homerus fuit. »

  (1) Pierre le Vénérable, De miraculis, lib. î " , cap. xxvn.