page suivante »
AU XIIe SIÈCLE. 433 paroisse de Limas, et ne furent poussées que jusqu'à l'endroit où l'on voit encore aujourd'huy une tour, que l'on appelle la Tour de Liergues; c'estoit vers le couchant et il y avoit une porte qu'on' a murée. « Ce bourg ou cet amas de maisons s'avançoit hors de la principale Tour, dans tout l'espace où est présentement le grand Cimetière, hors la porte d'Anse. L'église estoit dans ce même lieu, sous le titre de Saincle Marie Magdeleine... » (1). On voit que l'emplacement du noyau primitif de Ville- franche avait, sur l'emplacement actuel, une incontestable supériorité. Les maisons n'étaient pas suspendues comme des grappes aux deux flancs d'un ravin. Une ville pouvait s'y développer avec commodité. Rien ne gênait la liberté de ses mouvements, la facilité de la circulation. Quel bizarre caprice poussa les habitants de ce plateau salubre à descendre dans le bas-fonds où le Morgon coulait au milieu de marécages malsains ? Ici je laisse la parole à l'auteur des Mémoires, craignant de ne pas raconter le miracle avec toute l'ingénuité convenable: « Le lieu où est l'église n'estoit qu'un maretz ; c'esloit un creux où toutes les eaux s'assembloient, le maretz estoit plein de joncs, et les bords estoient couverts d'herbe, où l'on me- noit paître le bestail. Un jour les Bergers qui conduisoient leurs bœufs dans ce pâquerage, les virent se courber, se mettre à genoux et se prosterner en (erre vers un endroit que lous regardoient. Les Bergers s'approchent, frappent leurs bœufs pour les faire sortir de ce lieu ; et ne pouvans les faire bouger de leur place, ils s'approchent du maretz, cherchent parmy les roseaux et y trouvent une statue de la Sainte- Vierge. (1) Mémoires contenons ce qu'il y a de plus remarquable clans Villc- franche. Villefranche , 1671 , p. 15. — V. aussi Lomet, Hist. Mari. 2 e part. chap. II. 28