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pas été plus exemptes de ce fléau que celles du reste de la
France ; les unes étaient vides ; les autres renfermaient encore
quelques religieux et végétaient obscures à l'ombre de leur
passé. Ainay , maison presque aussi ancienne que le chris-
tianisme, et dont les pieuses murailles avaient remplacé les
splendeurs d'un temple païen, n'était plus qu'un bénéfice de
25000 livres de rente (i); Savigny, jadis la souveraine d'une
petite contrée, était tombée plus bas encore et ne figurait
qu'au quatrième ou cinquième rang parmi les abbayes du
diocèse, parce qu'elle ne rapportait à son abbé que six ou huit
mille livres de rente; l'Ile-Barbe n'existait plus; chaque vieux
monastère était coté sur les rapports des intendants, sur ceux
des archevêque et jusque sur les almanachs d'après le chiffre
de ses revenus. Ambierle valait treize mille livres, Ambour-
nay dix mille, Belleville , la Ghassagne, Sainl-RamberL en
Bugey, Val-Benoîte, de douze cents à quatre mille livres de
rente.
   Les maisons de femmes n'avaient pas été déshonorées par
la Gommende, mais la décadence générale, dont ce hideux
abus était la preuve, les avait aussi atteintes et presque dé-
truites. Saint-Pierre, où les princesses de France et de Lor-
raine prenaient autrefois le voile, et dont l'abbesse s'intitu-
lait: « Par la grâce de Dieu, abbesse de Saint-Pierre, » ne
possédait plus qu'un tout petit nombre de religieuses errantes
dans la vaste enceinte de son monastère; les abbayes de la
Déserte et des Chazeaux à Lyon, de Bonlieu et de la Bénis-
en avaient obtenu. Henri IV avait donné l'abbaye de Châtillon à la belle
Corisandc.
  (1) L'abbé d'Ainay était ordinairement un grand seigneur. Ce fut, pen-
dant une partie du dernier siècle, le cardinal de La Rochefoucauld, arche-
vêque de Bourges et abbé de Oluny. Son successeur avait été, peu d'années
avant la Révolution, messiie Lazare Victor de Jarente, vicaire général de
Marseille.